À l’air libre
De Christian Messier
Du 24 septembre au 22 octobre 2014
Vernissage mercredi 24 septembre à 17h


La nudité est une tradition en peinture. Que ce soit pour l’étude de l’anatomie, la représentation du corps humain ou l’érotisme, les artistes se sont intéressés de tout temps à ce sujet. La représentation du corps nu est un sujet visiblement important en art probablement parce qu’elle occupe une très grande place dans la vie de tous les êtres humains. C’est probablement aussi à cause de l'importance de la nudité pour chacun qu’au 19e siècle est né le nudisme, un mouvement marginal cherchant en partie à rapprocher les adeptes de la nature et ultimement, de la nature humaine. Ce projet intitulé À l’air libre s’intéresse à ce phénomène qui se présente ici comme étant un drôle de paradoxe entre le naturel et le dénaturé.

La pudeur selon la bible est le châtiment que Dieu imposa aux êtres humains pour avoir mangé le fruit défendu. Il est donc normal que suite à l'annonce de la mort de Dieu par la philosophie dont celle de Nietzsche, les humains sentent le besoin de se dévêtir et revivre selon leurs origines. Si l'idée de retrouver le paradis perdu est peut-être moins à la mode ces temps-ci, le désir de vivre au naturel comme le font les animaux et ainsi descendre de notre piédestal d'espèce élu aux yeux d'un Dieu désuet devient tout aussi légitime. De ces points de vue, l'envie de sentir la légère brise du matin caresser ces attributs que nous avons séquestrés sous nos vêtements et nos sous-vêtements pendant des millénaires est tout à fait justifiée.

Mais est-ce si naturel? Notre enveloppe charnelle est-elle réellement adaptée aux cailloux, aux épines de roses, aux écrevisses, aux courants d’air frisquets, etc.? Sommes-nous si élégants en pratiquant sous notre plus simple expression le parachutisme, le ski alpin, les arts martiaux, le trampoline, le karaoké ou l’équitation? Voilà quelques éléments qui amènent à penser que le nudisme serait probablement moins un saint contact avec la pure nature humaine qu'une dénaturation.

La caricature qu'amène le nudisme est toutefois intéressante et génère des situations très riches. La maladresse des corps mésadaptés à l'environnement ainsi que la pudeur naturelle transforme celui-ci en lui donnant des postures inconfortables. L'autodérision qu'amène l'activité serait-elle alors la démonstration de la vraie nature humaine? Pourquoi pas? Nous sommes sans doute la seule espèce vivante à réagir par le rire à ce qui est drôle. Quoi qu'il en soit, cette étude pseudo sociologique est loin d'être rigoureuse et il ne faut pas vraiment s'y référer comme une vérité. L'artiste lui-même n'a jamais pratiqué le nudisme.

C'est donc sous la forme d'une recherche artistique plutôt humoristique sur la présence humaine sous la thématique du nudisme que cette exposition se présente. Il s'agit de la suite d'une première exposition présentée à la galerie Laroche/Joncas en 2013 sous le nom de Tourette.

Christian Messier vit et travaille à Montréal. En performance, il a participé à plusieurs événements dans une douzaine de pays. On l’a aussi vu à Live Biennale à Vancouver, Viva! Art action à Montréal, à la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda, 7a * 11d à Toronto à la Manif d’art de Québec et à la Rencontre internationale d’art performance de Québec 2000 et 2002. En peinture, son travail a été présenté entre autres à l’Œil de poisson, à Pan ! Peinture dont il est l’un des fondateurs à la galerie Verticale à Laval, à l'Écart à Rouyn-Noranda, à la galerie Laroche/Joncas à Montréal. Il exposera en 2014 et en 2015 au Lobe à Chicoutimi ainsi qu'à Regart à Lévis. Il est aussi l’auteur du magazine Web Punctum qui traite des arts visuels au Québec. Christian Messier est représenté par la galerie Laroche/Joncas.

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