Massimo Guerrera



Massimo Guerrera
La réunion des pratiques
Du 29 septembre au 22 octobre 2010
Vernissage le mercredi 6 octobre à 17h.

Ce projet s’incarne dans une expérience intérieure et dans l’élaboration d’une plateforme de pratique attentive, celle d’une installation souple, qui se constitue et se transforme comme un jardin, à travers une série de rencontres et d’espaces-temps partagés avec des personnes, des collaborateurs, des amis, des guides, des inconnus, des participants actifs ainsi que des rendez-vous avec moi-même et ma solitude habitée. C’est une expérience alternative entre la rencontre et la solitude, soutenue et accompagnée par une pratique méditative.

C’est une plateforme ouverte, qui tente d’enregistrer de manière sensible les réverbérations de ces rencontres et de ces croisements affectifs qu’elle provoque où qu’elle absorbe. Tenant compte de tous les éléments matériels et immatériels qui la traversent et la composent, elle s’élabore de manière organique au cours du temps. Ce projet en continuum se concentre essentiellement ; sur l’expérience incarnée de la pratique spirituelle et de la pratique artistique dans l’atelier intérieur des participants et la profonde union entre ces deux disciplines qui ont toujours cohabité ensemble sous différentes formes à travers l’histoire.
Un trait d’union sensible entre l’art et le sacré.

Ce projet expérientiel se penche sur la nature de l’esprit et ses capacités créatives d’ouverture, ainsi que ces peurs face à l’indéfinition et l’insondable altérité. Voir ainsi plus clairement les motifs de nos intentions et de nos attentes, avec nos protections et nos projections. Ensemble, à travers ce processus créatif et introspectif, on peut regarder et transformer les manières dont on entre en rapport avec l’autre et avec soi-même, laissant mieux respirer les émotions, les mots, les pensées et les gestes. Ces pratiques permettent d’être plus conscient de l’espace, dans un sens plus vaste et subtil. Cette discipline continue, permet de travailler et de comprendre ce riche et complexe rapport à l’influence de l’autre et de l’environnement, de mieux voir l’état d’esprit dans lequel on fait les choses, ainsi que les moyens de transformation et de libération qui sont impliqués. C’est un travail sincère, qui tente de rééquilibrer l’énergie entre le palpable et l’impalpable, entre le visible et l’invisible, entre le corps et l’esprit. C’est une manière d’ouvrir la pratique artistique et spirituelle à l’altération et à l’attention de ce qui est présent, une manière de questionner la solitude de l’atelier et nos modes d’interactions sociaux et culturels. C’est une plateforme de croisement et de transformation des pratiques respectives à chaque personne, à chaque participant. Pratiques diverses, qui bien souvent finissent par se rejoindre à un niveau fondamental, tout en ayant une spécificité singulière dans leurs manifestations visibles. Voir ainsi le sens profond en dessous des signes relatifs.

Cette installation vivante prend forme à travers une série de signes qui peuvent être ; des dessins libres inspirés par les participants, des images découlant de photographies prises durant les rencontres, de petits meubles-sculptures, des phrases recueillies lors des rendez-vous ou parfois des sculptures initiées par le don d’un objet, qui deviendra le prétexte pour entamer un signe visible. Toutes ces actions partagées avec les participants permettent de suspendre dans le plaisir créatif du faire, le langage conventionnel, en ouvrant ainsi une brèche inattendue, une autre forme de dialogue dans l’espace et dans le corps. Ce projet et donc en cours depuis mars 2007, étant le résultat d’un ensemble de causes et d’effets lointain, il continue à se déployer et à résonner quotidiennement au cours de ces rencontres et de ses pratiques, dans l’atelier comme dans différents lieux appelés les ateliers nomades. L’atelier ici étant déterminé par la présence des pratiquants et protagonistes dans l’environnement immédiat de l’expérience et non pas un lieu physique spécifique.

Dévoiler ainsi la pratique intime et spirituelle, c’est une manière de partager notre vraie richesse notre vulnérabilité, de mettre à l’épreuve notre ouverture, de travailler notre générosité, de voir la beauté des autres, de dévoiler nos résistances, d’apprendre à recevoir et à donner, à être bienveillant envers nos propres difficultés. Parfois c’est un simple geste, une inspiration que l’on transmet, pour que l’autre découvre ou nourrisse sa propre démarche. L’art est une pratique quotidienne, que l’on doit entretenir, dont il faut prendre soin, qui se prolonge au-delà de l’objet, nous permettant d’observer nos relations au monde, au quotidien et la relativité de nos perceptions. Elle permet de manifester la dignité profonde de l’existence et des êtres vivants, d’entrer en contact avec notre coeur et notre magnifique tendresse, de cultiver ainsi une intériorité fondamentale. Probablement que l’une des contributions les plus importantes de l’activité artistique est celle-ci de nous mettre en contact avec justement, cette sensibilité, cette fébrilité et de nous faire douter des conventions habituelles. C’est également, une façon de sentir la manière dont nous sommes traversés par la présence de l’autre ou par son absence. Sentir avec délicatesse l’influence subtile et marquante des gens qui croisent et nourrissent notre vie et notre chemin. L’installation organique du projet La réunion des Pratiques est une petite contribution à ce vaste chantier existentiel et créatif qui se poursuit depuis fort longtemps dans l’esprit et le cœur des êtres humains.

Massimo Guerrera est né en 1967 à Rome, en Italie. Il vit et travaille à Montréal. Il est titulaire d’un baccalauréat en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal et expose ses œuvres depuis 1988 au Canada, aux États-Unis, en Belgique, en Italie et en France. De ses expositions, mentionnons Darboral (Un trait d’union entre le visible et l’invisible) au Musée des beaux-arts du Canada 2008-2009 dans le cadre de l’exposition Flagrant Délit (la performance du spectateur), ainsi qu’à la fonderie Darling 2008, Darboral (ici, maintenant, avec l’impermanence de nos restes), montrée en 2000 à la Biennale de Montréal et en 2002 au Musée national des beaux-arts du Québec, ainsi qu’à la CAG Contemporary Art Gallery de Vancouver en 2004. Signalons également Porus (les recombinaisons gourmandes d’un rendez-vous) en 2001, au Centre des arts actuels SKOL dans le cadre de la programmation Les Commensaux, également PORUS ou 99 études empiriques sur l’étanchéité domestique instable à la Galerie Leonard & Bina Ellen Concordia University 1999. Le projet La Cantine (redistribution et transformation de nourritures terrestres) entamé en 1995 dans l’espace urbain Montréalais a été ensuite présenté au Centre Dare-Dare en 1997, Artifices 1998, Événement Orange 2003. Il est représenté par la Galerie Joyce Yahouda à Montréal et Clint Roenisch à Toronto. En 2001, Massimo Guerrera était le récipiendaire du prix Ozias-Leduc, décerné par la Fondation Émile-Nelligan. Ses œuvres figurent dans la collection du musée des Beaux arts du Canada, Musée des Beaux Arts de Montréal, de la Banque d’œuvres d’art du Canada et dans celle du Musée national des beaux-arts du Québec.

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